La terre de modelage

Modeler pour guérir

Cette proposition d’utiliser la terre, le dessin, la peinture comme médiateur relationnel et thérapeutique correspond pour moi à l’aboutissement d’une longue réflexion concernant le meilleur parti que l’on peut tirer du domaine artistique en l’utilisant parallèlement à la psychologie.

 

La terre de modelage n’est pas une potion magique mais seulement un outil thérapeutique particulièrement efficace et ce d’autant plus que l’on est capable de l’utiliser sans retenue. Nous ne sommes pas tous égaux dans ce domaine. Certaines personnes sont capables de faire un énorme travail en trois séances alors que d’autres devront suivre une thérapie très longue pour obtenir des résultats tangibles.

 

Au delà de la différence de profil psychologique, il y a de nombreux paramètres déterminant la capacité d’expression.

Ce processus qui est tout à fait naturel chez l’être humain puisqu’il n’y a « qu’à laisser faire », sera possible seulement dans des cadres particuliers et uniquement avec des thérapeutes capables d’entendre et d’accueillir les émotions.

 

 

Cependant pour beaucoup d’entre nous, ce n’est pas aussi simple. Il faut composer avec de nombreux freins comme par exemple le poids de l’éducation reçue.

 

Nous avons ainsi appris à nier nos besoins fondamentaux de vivre librement les émotions pour nous adapter à des lois sociales aberrantes. La censure exercée dans ce domaine est particulièrement inappropriée car elle conduit l’être humain vers une dangerosité certaine pour lui et pour autrui. La colère ignorée ou refoulée constamment entraîne un risque majeure de mise en acte brutale tout comme la vapeur d’une cocotte minute qui exploserait si on l’empêchait de s’échapper régulièrement. Mais la colère est loin d’être la seule  émotion difficile à accueillir dans le contexte de nos pays si bien «civilisé». La tristesse quant à elle  n’est autorisée qu’en de rares occasions comme par exemple  pendant les cérémonies d’obsèques et encore... Il est effarant de voir tout ce qui est imposé et qui ne sert qu’à brimer et à perpétuer des systèmes archaïques. Il est inhumain d’empêcher un enfant de pleurer et cependant en matière d’éducation les phrases suivantes sont encore couramment utilisées :

-« Calme-toi  »

-« Arrête de pleurer (ou je te donne une claque et tu sauras pourquoi tu pleures).

-« Si tu continues de pleurer on va te remettre des couches ».(Je cite ici une aide maternelle, un jour de rentrée des classes!)

-« Si tu pleures, tu n’es pas un homme » etc.

 

Mais il y a aussi bien d’autres freins qui ralentissent également le travail d’expression thérapeutique et qui sont parfois inhérent à la difficulté de se remettre en question ou de changer le regard portés sur les parents. Il faut aussi compter avec l’obligation de garder les secrets de famille, les menaces  de tout ordre qui y sont associées, les peurs qui en découlent, conscientes ou non.

 

C’est pourquoi malgré tout cela, lorsqu’un travail de libération est possible, chaque prise de conscience représente pour moi un cadeau exceptionnel, et c’est un peu comme un miracle. Le miracle de la vie, tout simplement.